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Je ne peux pas m’empêcher de réfléchir sans arrêt

La question de notre internaute :
J'ai parfois l'impression de ne pas savoir arrêter de me poser des questions. Sur des choses anodines ou des choses plus graves, je gamberge sans arrêt, au risque de réveiller des angoisses fréquemment. Comment trouver le bouton pour arrêter de toujours réfléchir ?

Ce qu'en dit Sarah :
Le questionnement est une donnée fondamentale de l'espèce humaine. Être au monde, c'est se poser des questions : de grandes questions existentielles (Qui suis-je ? Qui est cet autre que je rencontre ? Y a-t-il une vie après la mort?), morales (Que dois-je faire ? Quelle orientation donner à ma vie?) mais aussi des questions triviales ( Quel film aller voir au cinéma ? Qu'est-ce que je mets comme robe aujourd'hui ? Que vais-je préparer pour le repas ?).

Seulement voilà, il y a des personnes chez qui la machine à questions s'emballe, comme un cheval au galop qu'on ne peut plus arrêter. Non seulement ces personnes se posent sans cesse des questions mais, en quelque sorte, ces questions viennent se poser à ces personnes sous la forme de ruminations mentales ininterrompues.

Le problème que vous avez porte un nom : on appelle ça un mentisme. Un mentisme c'est un défilé rapide et incoercible de pensées, de questions voire d'images, que la personne ne peut pas contrôler ou interrompre, même si elle trouve tout cela absurde. Un mentisme est toujours le signe d'un trouble anxieux. Vous vous posez des questions. Ces questions vous angoissent. Vous aimeriez arrêter de vous en poser et votre entourage vous le répète : « arrête de te prendre la tête ». Impossible. Vous continuez à « gamberger » sur tout et n'importe quoi. Il y a fort à parier qu'à la fin de la journée vous devez être épuisée.

Comment arrêter de toujours réfléchir ?

Rassurez-vous, des solutions existent.

  1. Commencez par voir si la pratique d'une activité physique régulière intense (courir, cardio-training, natation, vélo,pendant trente minutes minimum deux fois par semaine) ou plus calme (relaxation, cours de yoga...) vous permet de ressentir un mieux-être et de pouvoir savourer l'instant sans être assailli de questions.

  2. Dans tous les cas, arrêtez ou diminuez fortement tous les excitants (café, thé, sodas avec de la caféine). Inutile de préciser que toute drogue même réputée « douce » est interdite. Certaines personnes atteintes de mentisme pensent à tort qu' « un petit joint, ça calme ». Or, c'est tout le contraire qui se produit : après une accalmie de quelques heures, les pensées ininterrompues reviennent, plus nombreuses, plus envahissantes et plus angoissantes.

  3. Accordez-vous, chaque jour, au moins un quart d'heure, un moment rien que pour vous : lisez, écoutez une musique que vous aimez, ou, à la fin de la journée, prenez une douche chaude ou un bain chaud puis étendez-vous quelques minutes en profitant simplement de l'instant...

Je vais vous faire une confidence : quand j'étais jeune (il y a bien longtemps:)), je me posais des questions. Beaucoup trop de questions. Tout le temps. C'est même une des raisons qui m'a fait rentrer en analyse. A ma grande surprise, au bout de quelques séances, mon psy de l'époque m'a prescrit la lecture de « magazines féminins ». « Regardez aussi des films drôles », a-t-il ajouté. Evidemment, j'ai ricané. « Comment, me suis-je dit ? Je vais voir une sommité clinique, un ponte du lacanisme parisien, et tout ce qu'il trouve à me dire c'est : ''lisez Voici !'' ? Quelle arnaque ! » Rapidement, pourtant, j'ai constaté que pendant ce temps de lecture, je me laissais aller à une chose incroyable : être dans l'instant, simplement dans l'instant, sans éprouver douloureusement la gravité de l'existence. Oh, au départ ça ne durait pas longtemps, cinq ou dix minutes d'accalmie, peut-être, puis je cogitais à nouveau. Puis un jour, en lisant un article sur la robe grotesque d'une vague starlette de téléréalité, je me suis mise à rire. Cela faisait deux ans et demi que je n'avais ni ri, ni pleuré. Ce jour-là, j'ai su que j'allais remonter la pente. Ce qui se produisit. Du jour où je me suis moins posé de questions, j'ai pu agir. L'analyse a fait le reste.

Si après avoir essayé les différentes techniques ci-dessus : sport ou relaxation, un moment de détente par jour, arrêt des substances psychostimulantes, vous ressentez une réelle amélioration, c'est formidable.

Si jamais ça n'est pas le cas, ne désespérez pas et n'hésitez pas à consulter votre médecin traitant ou un psy.

Courage. Vous pouvez y arriver !

Sarah Chiche www.sarah-chiche.blogspot.com