Témoignage d'une maman de famille nombreuse

Isabelle a 31 ans et n’est pas une maman tout à fait comme les autres… Cette jeune femme est à la tête d’une jolie petite tribu de 6 enfants avec son mari François, 34 ans ! La tribu ? Camille 12 ans, Jean-Baptiste 10 ans et demi, Pierre 8 ans, Philippe 3 ans, Cécile 16 mois et Alexandre 16 mois. Isabelle a bien voulu nous raconter sa petite vie de super (grande !) maman.

Tout a débuté par une jolie histoire d’amour…

« J 'ai rencontré mon mari à 16 ans. Il avait 18 ans. C'est mon premier amour et je suis le sien aussi. Nous ne nous quittons plus depuis ce jour. Très vite nous avons attendu Camille. Nous n'avions ni l'un ni l'autre terminé nos études, nous étions sans ressources pour subvenir aux besoins de ce petit bébé que nous désirions plus que tout, même s'il n'avait pas été programmé… mais nous avons décidé d'assumer les conséquences de nos actes. »

Les jeunes futurs parents se démènent pour accueillir leur premier enfant, qui sera vite suivi par le deuxième !
« Nous avons été très soutenus moralement par nos parents. J'ai fait toutes les démarches administratives possibles et imaginables pour ne pas être trop dépendants d'eux financièrement. Même si les premières années ils nous ont beaucoup aidés. François a fait un emprunt étudiant pour poursuivre ses études de commerce. Après l'arrivée de Camille, j'ai fait des petits boulots : vente de saucisson, études de satisfaction dans la rue, assistante maternelle, phoning. J'ai fait "bouillir la marmite" pendant 3 ans. Entretemps Jean-Baptiste est arrivé, 18 mois après Camille. Nous ne roulions pas sur l'or, mais nous étions heureux ! » Par la suite, François a très vite trouvé du travail.

Famille nombreuse ne veut pas dire sédentaire…

« Depuis quelques semaines nous sommes installés dans les Yvelines. Nous avons vécu auparavant à côté de Lille pendant 1 an et demi et en Roumanie pendant 3 ans. Une expérience formidable. En 12 ans de mariage, nous avons déménagé 9 fois ! Ces déménagements successifs ne nous ont pas empêché de désirer fonder une famille nombreuse (on n'aurait quand même jamais cru aller jusqu'à 6 !). »

Avoir une famille nombreuse était-il un rêve d’enfant, un projet de vie ?

« Je ne peux pas rationnellement expliquer pourquoi nous avons choisi d'élever et d'aimer autant d'enfants. Je n'aime pourtant pas particulièrement être enceinte, mon état de santé ne me facilite pas les choses. Je n'ai pas pu poser le pied par terre pour ma dernière grossesse pendant au moins 3 mois, avant et après l'accouchement. Pensez donc, 7 kg 200 de bébés dans le ventre, ça vous plombe ! Tout cela nécessite une certaine organisation. Heureusement, j'ai une famille du tonnerre qui s'est mobilisée à fond, les aides se relayant en permanence pour faire tourner la maison durant cette période. »

Isabelle ne se lasse pas de la découverte qu’est la naissance de chacun de ses enfants…

« J'éprouve une passion sans réserve pour mes bébés et j'adore accoucher. C'est une sensation tellement extraordinaire… J'aime l'attente euphorisante, l'incertitude teintée d'angoisse qui plane les derniers jours avant son arrivée, ça ressemble à un rendez-vous amoureux. En accouchant de Pierre, notre troisième enfant qui est arrivé très vite (en moins de 2 heures !) la sage-femme me l'avait à peine posé sur le ventre que j'ai dit dans un souffle "C'est tellement génial ça me donne envie d'en avoir un autre". Elle m'a tapoté sur la cuisse affectueusement et m'a dit "Allez-y, vous êtes faite pour ça" Je crois que je l'ai prise au mot !
Je suis chaque fois émerveillée du miracle de la naissance et de la vie, du bonheur incommensurable qu'on éprouve à la vue d'un nourrisson. Ce petit être fragile vous donne tellement de courage et d'amour pour la vie ! »

Comment arriver à loger une famille nombreuse ?
« Cette fois-ci, c'est la maison qui est venue à nous grâce à une amie d’amie. Une splendide bâtisse aux portes de la vallée de Chevreuse pour un loyer dérisoire. Le top pour une famille nombreuse. Nous avons 6 chambres. Les deux aînés ont chacun leur chambre au second étage. Les 4 plus petits partagent les 2 chambres du premier, François et moi occupons la troisième.

Et l’organisation quotidienne, ça se passe comment ?

« Je suis la reine de la désorganisation, mais je me soigne ! J'ai suivi une méthode sur le net qui m'a aidée à planifier mes semaines et ne plus me laisser déborder. J'ai aussi une aide ménagère 3 fois 4 heures par semaine, qui me permet de ne pas me soucier du ménage et du repassage (avec un loyer plus élevé on n'aurait pas pu financièrement !). Je pique des idées à droite à gauche, notamment pour le pliage et le rangement du linge (merci Cécile de www.8alamaison.com/ !). Et je fais participer les enfants. Mon argument quand je ne les sens pas motivés : "Tu n'es pas à l'hôtel ici". Rangement de leur linge pour les grands : je dépose leurs vêtements dans des bacs à leur nom dans la buanderie et ils les montent eux-mêmes dans leurs armoires. Mise du couvert, débarrassage de la table, rangement de la vaisselle, aspirateur dans leurs chambres. J'exige que les lits soient faits chaque jour, le linge au sale et les chambres rangées. Je ne tolère pas que leurs affaires traînent dans le salon. Occasionnellement, ils donnent un coup de main pour le lavage de la voiture ou pour le jardinage. Mais là ce sont des parties de plaisir ! Outre le confort que cela procure à la famille et à tout un chacun, c'est selon moi un principe d'éducation indiscutable. Plus tôt ils prendront ces automatismes, plus facile ce sera pour eux de se prendre en main à l'âge adulte. Je pense à mes futures belles-filles ! »

Les vacances, une expédition !

« Nous partons tous ensemble en vacances chez les grands-parents chaque été. C'est un peu l'expédition à chaque fois mais les enfants sont adorables en voiture et très patients. Je note que plus j'ai d'enfants, moins j'ai de valises ! ». Avec 6 enfants à la maison, comment s’octroyer un peu de temps avec chacun d’entre eux ? « Mon objectif number one : me libérer du temps chaque semaine pour passer un moment privilégié avec chaque enfant. On n'est pas obligé de sortir de chez soi et de faire quelque chose d'extraordinaire. La confection d'un gâteau, un jeu de société, la réparation du vélo, le rangement d'une chambre, tous ces instants de vie sont importants. Ils ouvrent à la discussion, prouvent à l'enfant qu'on s'intéresse sincèrement à lui et tissent nos relations d'amour. »

Peut-on dire qu’il y a des bons et des mauvais côtés à une vie de famille nombreuse ? « On pourrait voir la famille nombreuse par le mauvais côté de la lorgnette : multiplication exponentielle du poids des lessives, des courses (6 packs de lait par semaine) sollicitation permanente, bruit, plus de conflits à gérer, plus de devoirs le soir, etc. On peut aussi tourner la lorgnette et voir : une ambiance entre frères et sœurs joyeuse ultra contagieuse, toujours quelqu'un pour jouer, des câlins multipliés, sentiment de fierté des parents. De l'amour fois 8. Personnellement j'ai fait mon choix ! »

Les deux petits derniers sont des jumeaux… Une surprise de taille, non ?
« Après Philippe, nous avons voulu avoir un petit dernier. Je suis tombée enceinte très rapidement, je voulais reproduire le schéma de mes deux aînés qui ont 18 mois d'écart. En fait de petit dernier, on en a eu 2 ! Bien entendu, une grossesse gémellaire on ne s'y attend pas. Je n'y avais personnellement jamais pensé, il n'y a pas de jumeaux dans ma famille. Je ne me sentais donc pas concernée. On a mis du temps à s'en remettre.  On n'a pas eu trop d'une grossesse entière pour s'y préparer psychologiquement et l'accepter. Notre angoisse principale était de ne plus arriver à nous réserver des moments à deux. Peur aussi de ne pas pouvoir accorder autant de temps à nos aînés. Alors bien sûr les premiers mois je me suis consacrée exclusivement aux bébés. Mais au bout de quelques mois on a repris un rythme normal. Ma grande crainte était que les grands se sentent envahis. Il n'en a rien été. À l'annonce de la grossesse gémellaire, ça a été des cris de joie et d'enthousiasme. Aujourd'hui, ils sont très protecteurs avec les petits, ils jouent et s'occupent d'eux volontiers. J'adore les regarder jouer discrètement derrière la porte, je verse régulièrement une petite larme d'émotion en cachette ! »

Concrètement, la journée d’une maman de 6 enfants ressemble à :
« Mes journées sont bien remplies. Elles s'articulent en trois temps. Pendant que les enfants sont à l'école, je vaque au quotidien, je fais les repas à l'avance, je m'avance pour la fin d'après midi : c'est ma casquette femme au foyer. Ainsi, quand ils rentrent de l'école, je suis à 100 % là pour eux.  Devoirs, conduites extra-scolaires, jeux éventuellement si on a le temps : c'est ma casquette maman. Après le coucher des enfants, à 20H30, François est rentré en général depuis peu de temps, on dîne en tête-à-tête et on passe la soirée ensemble. C'est ma casquette : "femme femme femme". »

Une maison sans enfants, ouille, c’est difficile quand on n’est pas habituée !
« Depuis quelques semaines, Cécile et Alexandre vont à la halte-garderie deux matinées par semaine. La première fois que je les ai laissés, j'étais désœuvrée, un peu désorientée. J'ai eu un petit passage à vide. Et puis j'ai rapidement repris le dessus. Je n'y vois que des bénéfices. Ça stimule mes deux "loukoums" sur le plan psychomoteur, ils ont des tonnes de jouets à disposition, des dames super gentilles qui les éveillent à toute sorte d'activités, ils sont super heureux. Et moi je peux mener à bien un projet qui me tient à cœur depuis plusieurs années : l'écriture. J'organise la rentrée dans ce sens. Les enfants iront tous les jours à la cantine, Cécile et Alexandre à la halte-garderie 4 matinées par semaine. À partir de septembre je pourrai m'y mettre sérieusement. J'ai hâte ! »

Une envie d’agrandir la famille… ?
« Nous n'aurons pas d'autres enfants. Nous avons trouvé un équilibre qui nous convient. Et puis 6 c'est déjà pas mal non ? »

Pour suivre les tribulations de la famille Lapin, rendez-vous sur leur blog !
http://la-famille-lapin.over-blog.com/